Signature de Guillaume de Lescouet
Préparant un petit catalogue prosopographique des libraires bretons au Moyen
Âge, ces quelques lignes pour présenter un de ceux qui ont exercé à
Paris.
En fait, sur le nom même j'ai quelque peu hésité. LESCONET ou
LESCOUET ? Mon choix s'est toutefois porté sur le second dans
la mesure où Guillaume de Lescouet se dit clerc du diocèse de
Léon (clericus Leonensis diocesis, publicus apostolica et imperiali
auctoritate notarius), région où ce patronyme est attesté
anciennement. Ainsi un Guillaume de Lescouet figure comme gouverneur de
Lesneven en 1357.
Le premier acte retrouvé portant le paraphe de Guillaume de Lescouet, comme notaire public (= tabellion), est la prestation de serment de son compatriote Henri GUILLOU comme libraire-juré de l'Université de Paris en septembre 1351. Du reste, ce même Guillou est connu aussi comme copiste d'un manuscrit de la Bibliothèque Cathédrale de Valence (ms. 10), exécuté pour le pape Clément VI : Nicolas de Gorran, Postilles. « Expliciunt postille fratris ni // cholai de Gorran super psalte // rium. // Hic liber est scriptus per henricum Guilloti pro Sanctissimo patre // ac domino domino clemente papa sexto // cuius anima requiescat in pace // Amen. Anno domini millesimo trecentesimo // quinquagesimo secundo die iovis // ante ramos Palmarum ».
En 1355 le nom de Guillaume de Lescouet se retrouve, comme
libraire cette fois, mêlé une transaction avec Gui Bodier, recteur de la
paroisse de Saine-Malo de Pontoise, au sujet d'un exemplaire de la
Légende dorée de Jacques de Voragine, aujourd'hui
conservé à la Bibliothèque Carnégie de Reims (ms. 1386) : "Dominus Guido
Boderii rector parrochialis ecclesie Sancti Macuti de Pontisara, Rothomagensis
diocesis, uendidit magistro Guillelmo de Lescouet, notario publico, librario,
etc. istam legendam, pro precio VIII scutorum, ... anno LVto, die iouis post
festum Prurificationis".
Le 23 janvier 1359, Jean de Joy, chapelain de Sainte-Agnes
fait une donation, cet acte sera établi dans la maison même de Guillaume de
Lescouet, rue Neuve Notre Dame, proche de la cathédrale, là où
sont installés généralement libraires et copistes de Paris : "acta fuerunt hec
in domo habitacionis mei Guillelmi de Lescouet notarii publici infrascripti
sita in vico novo beate marie paris."
Un document de mars 1363, où Guillaume de Lescouet est
qualifié de "tabellion du pape", nous fait connaître le nom de sa femme :
Peronelle Boucher. Ensemble, ils achètent plusieurs rentes sur
des maisons dont une appartient aux héritiers de Guillaume
Jacques (autre notaire breton) et à Jean Le Boucher
(père de Peronelle).
Enfin, dans les lettres patentes de Charles V portant exemption du guet et de
la garde des porte de Paris, datées du 5 novembre 1368, figure
le nom de Guillaume de Lescouet parmi les 14 libraires listés qui échappaient à
cette corvée.
Voici donc quelques éléments biographiques de notre notaire-libraire breton
maitre Guillaume de Lescouet qui décéda après 1386,
date à laquelle il est encore mentionné dans le Registre
des causes civiles de l'officialité épiscopale de Paris.
SOURCES : Paris, Archives nationales, L 715, n° 5 ; M 68, n° 39, 45, 54, 55 ; S 92 ; S* 1647