La fondation Martin Bodmer, à Coligny, conserve sous la cote 20, un manuscrit de la Chronique de Bertrand du Guesclin (version B), un des rares de possession bretonne. Il s'agit d'un remaniement anonyme et en prose, de la fin du XIVe siècle, de la Chanson de Bertrand du Guesclin de Cuvelier, texte de 23 000 alexandrins, exécuté pour Marie de Bretagne, épouse du duc d’Anjou et fille de Charles de Blois († 1404).
D’une écriture bâtarde, il était destiné à être illustré. Des espaces (100 x 50 mm) ont ainsi été réservés mais les illustrations n’ont pas toutes été exécutées. Huit d’entre elles sont visibles sur les quinze premiers folios.
Le texte débute au fol. 1r : "Cy commence le livre des faiz et gestes de Bertran Du Guesclin depuis sa jeunesce jucques a son trespassement, comme est escript es livres des roys de France a Saint Denis en France. Et fut connestable de France et le plus proux chevalier en son vivant qui fust ou royaume ou ailleurs, car sa renommee a couru sur toute crestienté."
Provenance:
Sur la feuille de garde : Le present livre est et
appartient a Christofle [le prénom Trystan a été barré puis
corrigé] de Chasteau Briant, sr de Beaufort.
Au fol. 1, d'une main différente : Le livre est et appartient
a Franczoys de Chasteaubriant, sires de Beaufort, du Glesquin, du Plessix
Bertran, d'Orange, Tanney, Sainct Liger, Campphleur et de La Villebagne. A luy
donné par Amaury Gouyon, sire de la Moussaye et de La Rivyere, son bon nepveu.
1557.
Au bas du premier folio, sous le texte du prologue : Je suis a Jacques Nepveu 1611.
Description et numérisation du manuscrit sur
E-CODICES:
François de Châteaubriand, - ancêtre de l’écrivain
(1768-1848), figure marquante du romantisme français – , fils de Jean de
Châteaubriand, transigea en 1543 et 1547, avec ses sœurs, sur leurs droits dans
la succession de leurs père et mère, dont il était principal héritier. Il
épousa (ca 1540) Anne de Tréal, et eurent Christophe, qui
recueillit de son père le dit manuscrit, marié successivement à Jeanne de
Sévigné, dame du Guesclin, puis à Charlotte de Montgoméry, Georges, Briand,
Catherine, née le 21 février 1551, nommée par Amaury Gouyon. Décédé le 13
octobre 1562, François fut inhumé à Saint-Coulomb .
Fils de Jacques Gouyon, seigneur de la Moussaye (†1536), et de Louise de
Châteaubriant, dame de Varades, « Hault et puissant Amaury Gouyon, sire de la
Moussaye » , épousa le 19 mars 1557 (date de la note insérée au manuscrit, qui
fut peut-être un cadeau du nouveau marié à François de Châteaubriand ?) «
haulte et puissante Claude de Acigné , vicomtesse de Dinan, dame de la Belliere
», fille du vicomte de Coetmen, et veuve de Claude, sire du Chastel, baron de
Marcé, vicomte de Pommerit. Amaury , fils de Jacques Gouyon (1516-1538), sire
de La Moussaye, de Plouër, du Launay Gouyon, etc., et de Louise de
Châteaubriand, dame de Varades, s’était uni auparavant – il n’avait alors que
11 ans – avec (1543) Catherine du Guémadeuc, morte en 1553, inhumée dans
l’enfeu seigneurial de l’église paroissiale de Plouër-sur-Rance, puis en 1555
avec la veuve d’un sieur Le Cheval. Amaury Gouyon, chevalier de l’Ordre du roi,
décédé le 21 octobre 1582, repose près de sa dernière épouse.
Au bas du premier folio, sous le texte du prologue : Je suis a Jacques Nepveu 1611.
Fils de Mathurin Nepveu, avocat fiscal et bailli de la justice à Sablé, et
de Julienne de Beaugé, du Mans, dame des Isles, près
Sainte-Suzanne, Jacques Nepveu, eut pour frère
Rolland, baptisé en l'église Notre-Dame de Sablé, le 15 mars 1553. Pourvu, le 9
septembre 1603, de l'office de juge ordinaire et général du marquisat de Sablé
nouvellement créé, il épousa, par contrat du 23 février 1579, Marie Foullon,
dame du Defays, de la ville de Saumur, dont il eut une fille unique Renée. En
1610, cette Renée Nepveu, dame d'Auvers, fit alliance avec Gabriel du
Guesclin, conseiller au parlement de Bretagne, de la maison de
Bertrand du Guesclin, connétable de France, fils de feu Bertrand du Guesclin,
chevalier de l'ordre du roi, et de Julienne du Chastellier, frère cadet de
César du Guesclin de la Roberye. Sur le contrat de mariage, passé le 26
novembre, on remarque parmi les signataires : François du Guesclin, écuyer,
sieur du Gast ; noble homme Jacques Nepveu, sieur des Isles.
Jacques Nepveu, écuyer, sieur des Isles, lieutenant
général au comté de Laval par provisions du 2 août 1594, remplacé le 22 mai
1622, par Pierre Marest, épousa Claude Marest, et mourut à Laval, le 22 juin
1622, inhumé le 24 dans l'église de la Trinité.
Encore en-dessous un petit dessin, qui représente peut-être un blason ou
des armoiries, a été exécuté à la plume (essai d'entrelacs).
Au verso du fol. 102 l'inscription Françoy
Parlag n'est pas un nom, mais le début d'une phrase: //
Francoy par la g[race] ...
Parmi les manuscrits:
Paris, BnF, Français 850 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b90596061
On consultera avec beaucoup d'intérêt :
La chanson de Bertrand du Guesclin de Cuvelier, [éd. par] Jean-Claude Faucon ; préf. de Philippe Ménard, Toulouse : Éd. universitaires du Sud, 1990-1991, 3 vol. (486, 501, 495 p.) ; 25 cm.
Jean-Claude Faucon, « Note sur deux manuscrits de La Chanson de Du Guesclin par Guvelier », dans Revue d'Histoire des Textes, 8-1978 (1979), p. 319-323. https://www.persee.fr/doc/rht_0373-6075_1979_num_8_1978_1186La thèse d'Yvonne Vermijn, Chacun son Guesclin : La réception des quatre versions de l’oeuvre de Cuvelier entre 1380 et 1480, Thèse de Master sous la direction des dr. Katell Lavéant et Jelle Koopmans, RMA Medieval Studies, Université d’Utrecht.